Le Multicolore

Le Multicolore est non seulement un jeu qui n'est pratiqué qu'en France, mais en plus, il ne s'apparente à aucun autre jeu connu à l'étranger. Il ne s'agit pas d'un jeu de contrepartie (tels les jeux pratiqués dans les casinos), puisque selon la règlementation la banque doit être tenue par un joueur et non pas par l'établissement qui exploite le jeu. En tant que tel, le Multicolore est considéré comme un jeu de cercle.

Origine du Multicolore

Multicolore

Au début du siècle, les académies de billard foisonnaient en France. Le billard était très populaire et ses adeptes se retrouvaient au sein de toutes les catégories sociales.
Par la suite, n’aillant plus la faculté d'attirer les foules, les clubs de billard n'eurent plus qu'une solution pour assurer leur subsistance : mettre à disposition des joueurs de nouveaux jeux. Et voilà comment naquit la « baraque » qui est l'ancêtre du multicolore tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Bien entendu, en ce temps-là le jeu n'était pas aussi élaboré que par la suite et, d'un club à l'autre, il pouvait varier tant par sa forme que par ses règles. Cela n'avait que très peu d'importance puisqu'il ne s'agissait que d'un moyen d'alimenter la caisse des clubs de billard, soit des associations sans but lucratifs.

Au fil des années, la « baraque » connut de plus en plus de succès. Si bien, qu'au cours des années 20, le jeu fonctionne sans discontinuer dans de nombreuses académies où, finalement, on ne joue plus au billard qu'occasionnellement. L'art de la carambole n'est plus qu'un prétexte pour aller flamber.

Le phénomène prend une telle ampleur, que le législateur se voit contraint d'y mettre le holà. Suffisamment clairvoyant pour comprendre l'inanité d'une interdiction catégorique, il décide donc de réglementer le jeu. En 1929, c'est chose faite. Plus question de pratiquer la « baraque » n'importe où et n'importe comment. Le jeu fait désormais l'objet d'une règlementation rigoureuse, tant dans son fonctionnement que pour l'obtention d'une autorisation de l'exploiter.

Manière pour jouer au Multicolore

Le multicolore se pratique dans un amphithéâtre au cœur duquel siège un billard tout ce qui a de plus classique. Sur ce billard est posé l'appareil (la baraque) et le long de ses grands cotés sont disposés les tableaux qui recevront les mises en cours de jeu. La baraque est une cuvette en bronze ouverte d'un côté et au fond de laquelle se trouve un plateau mobile (autour d'un axe) muni de 25 alvéoles de 5 couleurs différentes. Il y en a 6 rouges, 6 vertes, six jaunes, six blanches et une comportant une étoile, blanche sur fond bleu. Les six alvéoles d'une même couleur portent l'une le chiffre 4, trois autres le chiffres 3 et les deux dernières le chiffre 2. L'étoile porte le numéro 24.

Fonctionnement théorique

La banque est mise aux enchères entre les joueurs et adjugée au plus offrant pour une durée de huit boules. Au début de chaque banque, un joueur, autre que le banquier, fait tourner le plateau de la baraque de manière à modifier la position des alvéoles par rapport à l'ouverture de la cuvette où s'engagera la bille.

Les mises sont disposées sur les tableaux par des « marqueurs » qui circulent entre les gradins car les joueurs n'ont pas accès au jeu.

La bille est ensuite lancée dans la cuvette par le banquier, via une bande du billard, où elle tourne avant de s'immobiliser dans l'une des alvéoles. Tous les joueurs qui ont misé sur la couleur correspondante à celle de cette alvéole ont gagné. Quant au montant de leur gain, il dépend du chiffre que porte cette alvéole. En plus de la mise qui est toujours remboursée, les joueurs toucheront donc 2, 3 ou 4 fois leur mise sur les couleurs et 24 fois leur mise sur l'étoile.

En ce qui concerne les montants des mises, les minima et maxima autorisés varient d'un cercle à l'autre. Le maximum autorisé sur les couleurs peut aller de 100 à 300 fois le minimum. Pour ce qui est de l'étoile, le maximum est généralement du double du minimum autorisé auquel on peut ajouter 10% du montant de la mise engagée sur les couleurs.

Exemple : Si le minimum autorisé est de 10 €, et que vous jouez 1000 € sur une couleur, vous pourrez miser 20 € (maximum autorisé) + 100 € (10% de 1000 €), soient 120 € sur l'étoile. Comme vous avez pu le constater, nous avons intitulé ce paragraphe « fonctionnement (théorique) ». Ce mot sous-entend donc que pratiquement il en est autrement. En fait la seule différence entre ce qui est énoncé par la réglementation et la façon dont le jeu se déroule réellement réside dans l'attribution de la banque. Et d'emblée, nous nous empressons de souligner que cette entorse au règlement n'a pour but que d'assurer le déroulement normal de chaque partie. Ce n'est d'ailleurs qu'à ce titre qu'elle est tolérée.

En fait, le problème du multicolore « réglementaire » peut se résumer en une question : « comment s'assurer de la solvabilité du banquier alors que les montants qu'il devra débourser en cours de partie sont inconnus au moment où il s'octroie la banque aux enchères ? »

Dans le cas d'une banque « chanceuse », le problème ne se pose pas. Mais pour peu que le chiffre 4 apparaisse quelque fois entrecoupé par une ou deux étoiles (ce qui arrive fréquemment), les montants qu'il devra débourser pourront être de loin supérieurs à la somme avec laquelle il s'est rendu acquéreur de la banque. Pour contourner cette difficulté il n'y a que deux alternative. Primo, avant de lancer chaque boule, il faudrait calculer le montant maximum que la banque devrait déboursé en envisageant la sortie la plus favorable aux autres joueurs et exiger que le banquier montre qu'il a de quoi le payer. Secundo, s'assurer le concours de financiers qui ont les reins suffisamment solides pour parer à toutes les éventualités de la partie et auxquels on confierait la banque en permanence.

S’il est possible de voir plus de 40 joueurs disputer une partie de multicolore, on a vite fait de réaliser que la première éventualité est pour le moins utopique. Il ne reste donc plus que la seconde possibilité et c'est donc celle-là qui est appliquée.

Pour le principe, on continue malgré tout à proposer la banque aux enchères toutes les huit boules. Mais ce n'est vraiment que pour la forme car cela fait belle lurette qu'il ne vient plus à l'idée d'un joueur de faire une surenchère. En fait, la seule chose qui intéresse le joueur (au multicolore comme à tous les jeux d'argent) c'est d'être payé lorsqu'il gagne et en fonctionnant ainsi, pour lui, la question ne se pose même plus.

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